Les raisons de craquer

De toute évidence, il s’agit d’une Mazda. Élégante, raffinée, voire charismatique, la nouvelle grande routière (4,92 m pour un peu moins de 2 tonnes) de la marque japonaise affirme un caractère bien trempé en phase avec l’ensemble de la gamme du constructeur d’Hiroshima. Mais ne vous y trompez pas : en dépit de son style 100% Mazda, la 6e reprend la plateforme d’une berline Changan, groupe automobile chinois dont le label nippon s’est rapproché pour accélérer sa transition vers le 100% électrique. Avec sa ligne de caisse surélevée, trahissant l’implantation d’une batterie sous le plancher, la 6e ne fait pas mystère de sa motorisation. Il s’agit bien d’une électrique, la seconde seulement de Mazda après le petit crossover MX-30. Au lancement, la belle 6e donne le choix parmi deux batteries : une généreuse “NMC“ de 80 kWh assurant jusqu’à 552 kilomètres d’autonomie et une plus modeste “LFP“ de 68,8 kWh au rayon d’action de 479 kilomètres. Curieusement, la “petite“ dispose d’une puissance de charge bien supérieure à la “grosse“ (165 kW vs 90 kW). Vous avez donc intérêt à privilégier la moins chère (1 600 € de moins à l’achat) qui vous permettra de passer deux fois moins de temps à la borne pour recouvrer 80% de sa capacité (24 min vs 47 min). À cette bizarrerie près, la Mazda 6e est une familiale comme on les aime. Conçue pour les longs trajets autoroutiers, la saine propulsion délivre un bel agrément de conduite. Performances suffisantes (258 ch), stabilité à haute vitesse, confort garanti par la faible prise de roulis et insonorisation soignée… la Mazda 6e ne séduit pas seulement par sa plastique avantageuse. Cerise sur le gâteau : sa consommation demeure (très) raisonnable eu égard à son beau gabarit. Elle a tourné autour des 17 kWh aux 100 km en moyenne durant notre essai. Les voyages à son bord s’avèrent d’autant plus agréables qu’ils s’effectuent dans une atmosphère zen. Aménagement intérieur sobre et de bon goût, caractérisé par la présence d’un seul écran de 14,6 pouces flottant au-dessus de la console centrale, sellerie en suédine (sur la version Takumi Plus, +2 000 €) et habitabilité somptuaire à l’avant comme à l’arrière, matériaux de qualité et finitions sans fausse note, rangements variés et équipement pléthorique… la berline Mazda met la barre haut, bien plus haut que la plupart de ses rivales. Pour 42 900 € (prix de base), la 6e s’offre un affichage tête haute, un planificateur d’itinéraires, une clim automatique bizone, l’accès et le démarrage mains libres, un toit vitré panoramique, une clé digitale sur smartphone, un hayon électrique, une pompe à chaleur, un volant chauffant et… 6 ans de garantie ! À titre de comparaison, une Volkswagen ID.7 coûte 15 000 € de plus et même une chinoise ultra compétitive, comme la BYD Seal, exige 4 000 € supplémentaires.

Les raisons d'hésiter

Ce rapport prix/prestations canon, qui n’est pas dans les habitudes Mazda, trouve son explication dans le lieu de fabrication de la 6e : elle est assemblée en Chine sur une base existante. Développées sur la nouvelle plateforme Skyactiv-EV, les futures Mazda électriques ne bénéficieront pas du même avantage. Le fait qu’il ne s’agisse pas d’un produit 100% Mazda revêt aussi certains aspects négatifs. La 6e n’affiche pas le dynamisme propre aux productions du constructeur japonais, les réglages du volant manquent cruellement d’amplitude et l’affichage du combiné d’instrumentation sur fond bleu, de lisibilité… comme souvent sur les automobiles chinoises. La dalle digitale centralise toutes les fonctions du véhicule… jusqu’au réglage des rétroviseurs ou de la récupération d’énergie au freinage. C’est exagéré. Et ce d’autant que l’écran tactile répond mal aux sollicitations du doigt. Ce qui rend la déconnexion des différentes alertes fastidieuse. La Mazda 6e fait également l’impasse sur le mode one pedal, si pratique dans le paysage urbain… où elle se montre parfois un peu sèche sur les irrégularités du revêtement. Enfin, même s’il se révèle bien exploitable et utilement complété par un bac de 72 litres sous le capot avant, son coffre revendique un volume anormalement chiche (337 litres) pour une voiture de près de 5 mètres !