Les raisons de craquer

De la carrure, une calandre pleine, des feux en boomerang et d’immenses jantes de 22 pouces… l’EX90 est un faux discret. Malgré la pureté de ses lignes, cette Volvo pur jus intimide. Fabriqué aux Etats-Unis et désormais en Chine, le nouveau SUV suédois a pris son temps pour débarquer sous nos latitudes. Il a laissé passer deux ans entre sa présentation et sa commercialisation, sans doute pour aspirer à la perfection. À l’ouverture des portières, la sensation est flatteuse. Ambiance chaleureuse, mobilier raffiné, habitabilité généreuse et sobriété de bon aloi… le vaisseau amiral semble paré pour les longues traversées. La modularité, bien étudiée, se concrétise par trois sièges coulissants au second rang et un accès relativement aisé au troisième. S’il peut donc embarquer jusqu’à 7 passagers, l’EX90 fait aussi la part belle aux bagages. Le coffre cube encore 310 litres avec le plein d’habitants et 655 litres lorsque les deux sièges du fond sont rabattus pour former un plancher plat. Aussi luxueux soit-il, cette Volvo a la vocation familiale chevillée au corps. Le scandinave brille aussi par la qualité et l’efficacité de son interface multimédia avec Google Maps intégré. Depuis l’imposante dalle tactile verticale de 14,5 pouces, le conducteur contrôle à peu près tout. Le combiné d’instrumentation, positionné derrière le volant, renseigne sur l’essentiel et l’affichage tête haute permet de ne pas quitter la route des yeux. La seule touche d’ostentation se résume à un élégant mini haut-parleur trônant au sommet de la planche de bord… à condition d’avoir opté pour l’ultra performant système audio Bowers & Wilkins à 25 HP et 1610 W (3 070 €). En dépit de son gabarit de minibus (5,04 m, 2,8 tonnes), l’EX90 séduit, dès les premiers tours de roue, par sa légèreté et procure un agrément de conduite instantané. À ce dynamisme réjouissant, il ajoute un confort royal par la magie de sa suspension pneumatique (2 700 €, en option) qui limite les mouvements de caisse tout en adaptant la garde au sol à la vitesse et au profil de la route. Autant dire que ce SUV affiche un comportement serein, voire imperturbable, en adéquation avec son statut. Doté d’une batterie XXL (107 kWh), logée dans le plancher, il est entraîné par deux moteurs (un sur chaque essieu) qui lui garantissent la transmission de son puissant cheptel (plus de 500 ch) aux quatre roues… et des performances de sportive. Pour limiter sa consommation d’énergie, il dispose également de deux embrayages pilotés lui permettant d’être mû uniquement par le moteur avant en ligne droite, la plupart du temps. Et lorsqu’il doit passer par la case “recharge“, l’opération ne dure jamais bien longtemps. En courant continu, 30 minutes lui suffisent pour recouvrer 80% de son autonomie sur une borne délivrant du 250 kW, sa capacité de charge maxi. Pour la maison, il fait appel à un chargeur embarqué de 11 kW et une dizaine d’heures sont nécessaires pour qu’il recouvre sa pleine autonomie.

Les raisons d'hésiter

Ses dimensions hors norme demeurent un frein aux déplacements urbains et son parti pris 100% digital pour la quasi-intégralité des commandes, à la manière de Tesla, exige un temps d’adaptation : même l’ouverture de la boîte à gants demande à passer par l’écran. Richement doté, le Volvo EX90 évolue dans la cour des Audi Q8 et BMW iX. Ce qui signifie qu’il est terriblement cher (+ de 100 000 €) alors que le Kia EV9 aux prestations haut de gamme ne coûte “que“ 86 000 €. On se console en se disant qu’il est exempté de tout malus (poids et CO2) et qu’une version Single, moins puissante (279 ch) car équipée d’un seul moteur, démarre à 89 500 € et… revendique une autonomie similaire (580 km). Celle de l’EX90 Twin Performance n’atteint pas les 600 kilomètres, en effet… une déception eu égard à la capacité de sa batterie. Dépourvu de système 800V, le SUV Volvo ne vient pas non plus concurrencer les meilleurs en matière de vitesse de charge. Au final, son principal rival a pour nom XC90, son pendant hybride rechargeable, vendu sensiblement au même tarif et à la polyvalence supérieure sur long parcours où il n’a pas à recharger.